Actu’Politique : la cacophonie du mois de septembre

Actu’Politique : la cacophonie du mois de septembre

Après le soleil et les excursions en jet-ski, le mois de septembre signe la rentrée politique. Les couloirs des ministères se remplissent de fonctionnaires aux teints mats et les téléphones se remettent à sonner. Ces quelques semaines ont été intenses, marquées par scandales et contorsions chez LFI, par quelques cacophonies bien orchestrées pour la majorité présidentielle. Entre le CNR et le lancement de Renaissance, voilà le chemin pavé pour la réforme des retraites…

 

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Changement d’époque

C’est par une allocution étonnamment filmée qu’Emmanuel Macron a ouvert le Conseil des ministres de rentrée. Le président y pose un constat sans appel. Pour les mois à venir, il faudra se serrer la ceinture. Finito l’argent magique, l’insouciance et l’abondance. La guerre. L’inflation. La crise énergétique. Tous les facteurs de la rentrée 2022 poussent à un constat cinglant. Pour ne reprendre que quelques phrases du chef de l’Etat, on peut retenir : 

  • « Je crois, pour ma part, que ce que nous sommes entrain de vivre est de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement »
  • « Nous vivons, au fond, la fin de ce qui pourrait apparaître d’une forme d’abondance. Celle des liquidités sans coût. Celle de la fin d’une abondance de produits et de technologies. La rupture des chaînes de valeurs, la rareté de tel ou tel matériau et technologie réapparait » 
  • « Quand on regarde la France, l’Europe et le cours du monde, les dernières années auront battues en brèche quelques évidences. »
  • « C’est aussi la fin, pour qui en avait, d’une forme d’insouciance ».

Le Président prépare les esprits, mais essaie aussi – surtout – de poser un cap pour son quinquennat. Un enjeu tant il est perçu comme le président des crises, obligé de gouverner à vu pour éteindre les incendies successifs. Qui a dit qu’il fallait ranger les lances ? 

 

L’amour éternel des retraites 

Cette rentrée, c’est aussi le retour de la grande réforme promise depuis plusieurs années par Emmanuel Macron. Plus d’excuses ou de virus, la ligne a été posée par le Président le 12 septembre dernier : la réforme des retraites devra entrer en vigueur à l’été 2023. De quelle manière ? 

Par un amendement au Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) ? Le patron du Modem, François Bayrou, s’y dit fermement opposé, tout comme la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet. 

Par un projet de loi alors ? Sans majorité absolue, les discussions promettent d’être tendues, il faudrait alors le vote des députés LR. Mais ce vote serait pour eux comme un aveu d’échec, c’est la réforme que l’UMP et que les LR n’ont jamais su faire passer. Il ne reste plus qu’une chose à faire, une grande consultation… pour changer.

 

Carole Delga trace sa route 

Le 25 septembre, la présidente de la région Occitane tiendra sa propre université d’été baptisée « les Rencontres de la gauche ». Ouvertement opposée à la NUPES depuis les législatives, cette ténor du Parti socialiste tente de s’imposer depuis lors, dans le paysage politique. L’université de Delga sera l’occasion de rassembler les candidats PS dissidents, sa propre majorité à la région et également le Parti Radical de Gauche (PRG) afin de « travailler à la construction d’un projet de gauche ». Ambitieux programme.

 

Cacophonie du CNR 

Le 8 septembre dernier marquait le lancement du fameux Conseil National de la Refondation (CNR) promis par Emmanuel Macron lors de sa ré-élection. Pensé comme un organe de discussions regroupant toutes les forces politiques et citoyennes, le Président a vite déchanté… Tous les chefs de l’opposition ont refusé d’y participer, même l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, préférant s’envoler pour Québec. Une urgence sans doute. 

Finalement, ce conseil imaginé pour « partager les diagnostics à l’échelle de la nation sur de grands enjeux » n’a été qu’une réunion des cadres et des députés de la majorité, tous bien isolés à Marcoussis, centre d’entraînement du XV de France. A quand le référendum ? 

 

Renaissance !

C’est le nom donné au nouveau parti de la majorité présidentielle qui réunit La République En Marche (LREM), Territoire de Progrès et Agir. La genèse de cette dissolution-refondation remonte au premier tour de l’élection présidentielle. Le 10 avril dernier, Emmanuel Macron avait appelé à la création d’un grand parti. Horizons et le Modem lui ayant tourné le dos depuis, voilà que le parti est né le 17 septembre dernier, placé sous la présidence de Stéphane Séjourné, jusqu’alors président du groupe Renew ! au Parlement européen. 

C’est alors que l’histoire se corse. Bien que ce congrès dût être l’occasion de réunir toutes les forces progressistes et européennes, la majorité présidentielle en est ressortie plus que divisée. Tout commence avec François Bayrou qui a subtilement « posé un lapin » au gouvernement, car aucun temps de parole ne lui était accordé pendant la soirée. Edouard Philippe, lui bien présent, a refusé de monter sur scène pour la photo de famille. Tout comme Franck Riester  – président d’Agir – et Olivier Dussopt – président de Territoires de Progrès. Ces derniers auraient même considérés que le congrès « frôlait l’outrage », les reléguant en paillassons du macronisme. Ne soyez pas trop durs avec vous-même. 

 

Nous toutes. 

Ces dernières semaines de septembre sont une épreuve pour la coalition des partis réunis sous le nom de NUPES. En effet, deux scandales de violences conjugales sont apparus à gauche de l’assemblée. Le premier émanant d’un tweet du compte féministe #Noustoutes visant Julien Bayou, secrétaire général d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), dénonçant une agression contre son ex-compagne. Sandrine Rousseau, sans aucun coup bas, a déclaré sur France 5 avoir rencontré l’ex-campagne du député écologiste et avoir noté dans leurs échanges des « comportements qui sont de nature à blesser la santé mentale des femmes ».  Simple constat.

Encore plus à sa gauche, c’est Aurélien Quatennens – le jeune poulain de Jean Luc Mélanchon – qui a été contraint de se retirer pour un moment de la vie politique après avoir reconnu giflé sa femme lors d’une dispute. Cette chaise vide laisse un trou d’air idéologique chez les Insoumis, partagés entre la solidarité ferme auprès de leur camarade et le combat absolu à l’encontre des violences faîtes aux femmes. 

Etudiant à Neoma BS sur le campus de Reims - Rédacteur PGE et Mister Prépa