- ACTU BUSINESS AUDIT CONSEIL
- Elise Casado
- 20 juin 2022
EY prévoit une séparation de ses activités d’audit et de conseil
Alors que les scandales à l’encontre des cabinets de conseil et d’audit continuent d’éclater au grand jour, l’un des « Big Four » réfléchit à séparer ses activités de conseil et d’audit en deux entités distinctes. Intéressons-nous aux raisons qui permettraient d’expliquer cette décision d’EY de mettre en oeuvre la plus grande restructuration jamais pratiquée au sein d’un cabinet de conseil.
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Quelles sont les raisons qui motivent la séparation d’EY ?
Tout d’abord, les raisons qui motivent la séparation des activités d’audit et de conseil d’EY sont des pressions externes. En effet, les entreprises des « Big Four » ont fait l’objet d’un examen minutieux de leurs activités d’audit par l’autorité de régulation de l’intégrité et transparence des cabinets d’audit et de conseil. A cette occasion, le Financial Reporting Council a déclaré que les entreprises des « Big Four » devaient séparer leurs activités d’audit et de conseil d’ici juin 2024, au plus tard.
Avant toute chose, et pour éviter les confusions, rappelons ce que sont les activités d’audit et de conseil, ainsi que leurs différences. Un cabinet d’audit a pour mission de certifier l’exactitude des comptes d’une entreprise. Ce cabinet se veut indépendant de l’entreprise et peut donc évaluer avec objectivité les comptes de cette dernière et les contrôler.
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De son côté, un cabinet de conseil doit définir une stratégie et un plan d’action pour répondre aux problématiques de ses clients. De façon plus générale, un cabinet de conseil accompagne ses clients dans leurs activités et problématiques diverses.
La pratique de ces deux activités par un seul et même cabinet peut mener à des conflits d’intérêts et des scandales et polémiques qui provoquent la dissolution d’entreprises.
Des conflits d’intérêts entre audit et conseil trop présents pour être ignorés
Selon la loi américaine Sarbanes-Oxley de 2002, les cabinets ne peuvent pratiquer leurs activités d’audit et de conseil pour les mêmes clients. Le cabinet ne peut être sollicité que pour son expertise en audit, ou en conseil. Cette loi a été votée après le scandale de manipulation de données comptables, qui a mené à une crise financière et a provoqué la faillite de grands groupes tels que Enron et WorldCom.
En effet, certaines entreprises pouvaient inciter le cabinet en charge de leurs comptes à se montrer moins regardants sur leur travail d’auditeur, en échange de gros contrats en conseil. Le risque est donc bien souvent que les cabinets d’audit n’accomplissent pas leur mission de façon objective, ce qui mènerait, une fois de plus, à la manipulation de données comptables.
Réputés pour leur capacité de travail rapide et efficace, les « Big Four » sont donc les plus grands auditeurs dans le monde, auditant jusqu’à 99 entreprises britanniques sur 100. Or, pour les plus petits groupes, non seulement cela leur enlève du travail, mais aussi de la légitimité puisque l’image des cabinets d’audit est faussée par le manque de fiabilité d’EY, PwC, Deloitte et KPMG dans ces affaires.
Or, ces scandales se multiplient pour EY. Des irrégularités comptables ont été découvertes dans les comptes du groupe d’hôpitaux NMC Health, pourtant audité par le cabinet. De même, la banque danoise Danske Bank a fait faillite après que le cabinet l’ait auditée, sans avoir détecté des milliards d’euros de transactions douteuses et/ou frauduleuses. Les exemples ne manquent pas. Ainsi, sans être directement inculpé ou incriminé dans ces scandales, EY se trouve dans une situation des plus délicates. C’est, notamment, pour ces raisons que le cabinet prévoit de séparer ses deux activités principales.
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Quid du futur de l’entité EY ?
Mais alors, laquelle des deux activités aura le privilège (ou l’inconvénient) de continuer à porter le nom du cabinet ? Pour le moment, rien n’a encore été décidé et EY doit encore déterminer comment se sortir de ces scandales et redorer le blason de son image de marque.
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