- ANALYSES
- Téo Perrin
- 8 mars 2022
Le changement climatique en 6 points clefs
Alors que s’enchaînent depuis 1995 les COP-, l’opinion publique est de plus en plus alertée sur les conséquences du changement climatique, mais également de plus en plus divisée. Rapide tour de la situation grâce au travail de Jean Marc Jancovici, président de The Shift Project et cofondateur de Carbone 4.
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Un constat : la diminution croissante du coût des énergies
Malgré l’actualité récente de l’inflation énergétique, le prix des ressources énergétiques n’a eu de cesse de baisser au cours de ces derniers siècles.
Aujourd’hui le coût d’achat des matières premières (charbon, pétrole et gaz ) représente moins de 5% du PIB mondial.
Par exemple, le coût d’un kilowattheure (kWh) du pétrole est de 0,3 centime, là où celui d’une éolienne est aujourd’hui de 15 centimes.
Ainsi, le progrès technologique a permis l’utilisation d’énergies plus efficaces et moins chères, mais cela au détriment de leur incidence sur notre environnement.
Augmentation de la consommation énergétique au cours de ces derniers siècles
Les découvertes et nouvelles techniques de production ( machine à vapeur puis moteur à explosion…) ont permis de gagner en efficacité et en productivité.
De manière schématique :
- Un humain fournit 10 kWh pour dix jours de travail environ
- 1l d’essence brûlée produit 10kWh d’énergie thermique
Ainsi, 1l d’essence permet de remplacer 10 jours de travail d’un humain. C’est ça qu’on appelle un gain de productivité.
De la même manière, un avion développe l’énergie d’un million de paires de jambes. Ainsi, pour produire la même quantité d’énergie que celle qui est utilisée aujourd’hui, il faudrait cumuler la force de 1400 milliards d’humains.
Cependant, ce gain s’est accompagné d’une augmentation significative de la consommation d’énergies fossiles.
De plus en plus d’énergies fossiles
Depuis 1995, c’est la consommation d’énergies fossiles qui a le plus augmenté :
- +1400 millions de tonnes pour le charbon
- +1200 millions de tonnes pour le gaz
- +900 millions de tonnes pour le pétrole
( vs + 400 millions de tonnes pour l’hydro-électricité par exemple ).
Le problème des énergies fossiles : leur rejet de gaz à effet de serre
Bien que ces gaz soient anciens et permettent de conserver une température minimale nécessaire à la vie sur terre, une trop forte concentration entraine une modification beaucoup trop rapide du climat pour que l’homme puisse s’y adapter. Cette augmentation de température, c’est l’effet de serre.
On distingue 3 gaz principaux :
- Le dioxyde de carbone : CO2
85% de nos rejets de CO2 proviennent aujourd’hui de notre utilisation de combustibles fossiles.
- Le méthane : CH4
La majeure partie vient des exploitations agricoles ou de l’exploitation du charbon
- Le protoxyde d’azote (N20)
Qui lui vient principalement de l’épandage d’engrais.
Ainsi, plus nous brulons de combustibles fossiles, plus nous avons recourt à une agriculture intensive et plus nous utilisons des engrais, plus nous rejetons de gaz à effet de serre et plus le climat terrestre se dérègle.
Une solution : les énergies pilotables
Pour transiter vers un régime plus propre, il est essentiel d’utiliser des énergies pilotables et décarbonées, c’est à dire qui ne dépendent pas d’éléments extérieurs, qui peuvent être contrôlées en fonction de nos besoins et qui ne rejettent pas de CO2.
C’est par exemple le cas de l’hydroélectricité ou du nucléaire.
A l’inverse, les éoliennes ne sont pas pilotables, car dépendantes du vent. C’est une énergie intermittente.
Le problème des énergies intermittentes ( solaire et éolien principalement ) c’est qu’elles sont également fatales, et par conséquent, qu’il est nécessaire de produire des moyens de stockage – des batteries – pour subvenir à nos besoins. Or, la construction de batteries consomment énormément de matières premières et est extrêmement polluante. Le paradoxe.
Ou pourquoi pas une planification ?
Dans son dernier ouvrage paru chez Odile Jacob, Le Plan de Transformation de l’Economie Française ( PTEF ), Jean Marc Jancovici ouvre des portes pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
L’objectif est simple : instaurer des changements méthodiques de nos habitudes et manières de produire afin de baisser de 5% nos émissions de gaz à effet de serre tous les ans.
Ces propositions sont à la portée de tous :
- Réduction de notre consommation alimentaire ( aujourd’hui trop carnée et laitière )
- Diminution de nos achats liés à la grande consommation ( fast-fashion / gadgets… )
- Utilisation plus sobre des transports individuels
Mais aussi des gouvernements :
- Développement d’infrastructures pour les transports en commun
- Relocalisation des productions ( secondaires et primaires )
- Investissements massifs dans la filière nucléaire
- Développement de l’enseignement des enjeux climatiques
Pour cet ingénieur, la seule issue possible est la convergence des opinions publiques et des politiques autour d’un « consensus de décarbonation » afin de lancer, dès demain, la transformation vers un monde plus sobre.
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