Rencontre avec Sylvia Pucar, auditrice partner chez PwC Luxembourg

Rencontre avec Sylvia Pucar, auditrice partner chez PwC Luxembourg

On se retrouve aujourd’hui pour l’interview de Sylvia Pucar, auditrice partner chez PwC Luxembourg, qui va nous éclaircir sur son métier mais également les possibilités qu’offrent les cabinets d’Audit. L’interview se terminera par des conseils directs aux étudiants souhaitant travailler dans le secteur de l’Audit.

Zoom sur votre parcours

Bonjour, je m’appelle Sylvia Pucar, j’ai 42 ans, je travaille dans le secteur de l’Audit depuis 20 ans, j’ai commencé ma carrière chez PwC Paris en janvier 2002 juste après avoir été diplômée du Programme Grande Ecole d’emlyon business school en décembre 2001. J’ai travaillé, ainsi, 5 ans à PwC Paris puis j’ai bénéficié du réseau PwC pour me lancer à l’international en rejoignant l’équipe de PwC Luxembourg, équipe dans laquelle je travaille depuis. Je suis depuis 2010 réviseur d’entreprise agréée. PwC Luxembourg compte aujourd’hui plus de 2900 employés représentant 82 différentes nationalités dont environ 45% travaillent pour les métiers de l’audit. J’ai aujourd’hui la charge de la stratégie HR pour notre ligne de métier Audit.

Comment s’est fait le lien entre la Grande Ecole  et le monde du travail ? 

Le lien s’est fait très naturellement, la qualité des programmes permet une insertion naturelle sur le marché du travail. En effet, l’Audit a l’avantage d’être un métier dans lequel nous travaillons beaucoup en équipe et cette caractéristique se retrouve énormément dans les programmes grande école, notamment à emlyon business school. En rejoignant PwC, nous avons donc une certaine forme de continuité avec l’école car nous nous retrouvons dans un environnement jeune et où le travail en équipe est omniprésent. De plus, dès le début nous sommes accompagnés au sein des cabinets d’audit à travers des cycles de formation plus ou moins longs. Nous sommes très vite amenés à coacher les nouveaux arrivants en leur partageant notre connaissance du domaine, ce qui leur permet peu à peu de comprendre les grands enjeux. L’école nous apporte également une curiosité à travers les différents ateliers d’immersion au sein des entreprises et les projets de création d’entreprise, curiosité qui est essentielle au sein d’un métier comme l’Audit. On est globalement très bien équipés lorsque l’on sort d’un programme de grande école de commerce.

Qu’est-ce que le réviseur d’entreprise ?

Le réviseur d’entreprise est l’équivalent du commissaire aux comptes en France. L’objectif premier du réviseur d’entreprise est d’apporter de la confiance à l’utilisateur de l’information financière et de plus en plus de l’information non financière (RSE, i.e. ce qui concerne la responsabilité sociétale, environnementale et la bonne gouvernance des entreprises). Le préalable est de comprendre le métier de l’entreprise que l’on audite, en analysant comment les processus mis en place par l’entreprise permettent de produire l’information financière, ou non financère, et ensuite nous challengeons cette information de manière indépendante pour se former une opinion. A la suite de ce processus nous rédigeons un document clé, distribué aux actionnaires, qui donne de la confiance sur le fait que les comptes annuels (et/ou l’information non financière) donne une image fidèle et sincère de la situation financière de l’entreprise. La situation non financière de l’entreprise occupe également une place de plus en plus importante dans l’analyse du réviseur d’entreprises du fait notamment de l’évolution de la réglementation européenne qui requiert l’audit de plus en plus d’informations. La prise en compte de ces nouveaux facteurs rend ainsi le métier de plus en plus intéressant. Par ailleurs, le développement technologique de nos métiers nous permet de faire davantage de l’analyse que des taches basiques, ce qui est plus enrichissant.

Comment ça se passe lorsqu’on rentre en tant que Junior dans un cabinet tel que PwC ?

Je garde personnellement un super souvenir de mon intégration. En effet, malgré le paysage peu attrayant de la Défense, nous sommes très vite pris en main, le concept d’accompagnement est très présent. Dès le début nous commençons par 2 à 3 semaines minimum d’intégration avec des cours, le plus possible en présentiel mais aussi en distanciel du fait du contexte sanitaire, sur les concepts théoriques afin de parfaire les cours déjà étudiés lors de notre cursus à l’école mais qui restent assez abstraits. Dès l’arrivée, nous cherchons donc à mettre en pratique les connaissances des juniors à travers des mini cas. Il y a aussi bien évidemment des activités d’équipe pour permettre aux nouveaux arrivants d’apprendre à mieux connaître leurs collègues. Chez PwC Luxembourg, il s’agit aussi bien d’un rallye en équipe pour découvrir la ville de Luxembourg, que de jeux de logique ou de découverte des mets luxembourgeois. Très vite les « juniors / associates » sont intégrés dans leur première équipe composée en général de 5 à 6 personnes (20 pour certains cas) pour leur première « allocation client ». Ainsi en tant que Junior, nous ne sommes jamais seuls, toujours encadrés et accompagnés par une équipe bienveillante. L’équipe est là pour faciliter la parole et ainsi permettre un apprentissage efficace. En tant que Junior, on commence par des zones des états financiers clairement délimitées afin de commencer à développer une connaissance de certains processus et au fur et à mesure un esprit critique. L’objectif est de pouvoir travailler de façon de plus en plus autonome et de prendre sous sa responsabilité des sujets / parties des états financiers de plus en plus complexes. Ainsi le Junior est accompagné lors de ces premiers pas dans l’entreprise mais celui-ci se voit tout de même très vite attribuer des responsabilités.

Lire plus : L’audit chez HSBC – Rencontre avec Louis 

 

Qu’est-ce qui vous déplait dans votre métier ?

Les métiers de l’Audit restent des métiers très réglementés ce qui implique ainsi une certaine discipline. Ainsi certaines tâches obligatoires (du fait de la réglementation) peuvent paraitre de premier abord plus contraignantes. C’est donc un métier qui requiert une certaine forme de cadre et de rigueur dans la manière de faire les choses

Néanmoins ces aspects négatifs sont largement compensés par la constante évolution de nos métiers qui aujourd’hui ne se contentent plus seulement d’analyser l’information financière mais également non financière et qui bénéficient en vitesse accélérée d’investissement dans la technologie pour automatiser le plus possible certaines tâches. Un autre point qu’il faut également gérer est notre dépendance à la capacité de nos clients à nous communiquer de l’information (ces derniers travaillent eux-mêmes en flux tendus et font de leur mieux pour répondre aux demandes de leur auditeur). Il faut ainsi être adaptable et flexible sur notre manière de travailler tout en respectant ses engagements en termes de date, il y a donc une certaine contrainte temporelle même si, avec l’expérience et la technologie (le dash boarding), il est aujourd’hui plus facile de convaincre le client des bénéfices pour fournir des informations dans les temps.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir Partner au sein de PwC quand on sait que beaucoup de personnes tendent à voir l’Audit comme un tremplin pour la suite de la carrière plutôt qu’un secteur dans lequel on voudrait travailler pour la vie ?

Lorsque je suis entrée dans le secteur de l’Audit je n’y suis pas allée avec l’idée de faire carrière. Néanmoins, je pense que cela me correspondait en termes de challenges, de diversité, de flexibilité. En effet, très rapidement j’ai eu des responsabilités, le fait d’avoir une équipe à amener vers la réussite de son projet m’attrayait beaucoup. De plus, au sein des cabinets d’Audit nous évoluons très vite et il y a une véritable flexibilité, les parcours sont presque à la carte et beaucoup d’opportunités s’offrent à nous. Notamment en termes de géographie, le réseau PwC m’a permis dès que je l’ai souhaité de changer de pays mais également en termes de profession où j’ai eu l’occasion tout en gardant ma casquette d’auditrice de me tourner vers le conseil, l’assistance réglementaire puis par la suite d’évoluer sur des rôles davantage axés sur le management. Dès que j’avais envie de découvrir un nouveau domaine, j’avais la possibilité de le faire. La beauté de ces cabinets est donc cette richesse en termes de parcours et une flexibilité sans égale qui m’ont permis tout en ayant une vie de famille de me voir proposer de nombreuses offres très intéressantes et de progresser dans ce secteur.  Il y a ainsi, au sein des cabinets d’audit, une attention très forte quant à la gestion des talents. Chacun progresse dans sa carrière à son rythme permettant ainsi l’épanouissement des équipes. Chez PwC Luxembourg, nous travaillons également à mettre en place un parcours différencié qui permettrait à de nouvelles recrues de pouvoir effectuer leurs deux premières années au sein du Cabinet en travaillant sur base de rotation au sein de nos départements Audit, Conseil et Fiscalité. Ceci permet typiquement d’explorer les 3 grandes lignes de métiers et de choisir ensuite celle qui correspond le mieux aux attentes.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaiteraient se lancer dans le secteur de l’Audit ?

Il faut avoir un minimum de culture financière au sens large et avoir une curiosité pour l’actualité économique pour comprendre dans quels écosystèmes les entreprises évoluent. Le fait de ne pas être informé sur l’actualité financière et la vie des entreprises est un point négatif tant il est important pour ce genre de métier de comprendre l’environnement des entreprises. De plus, afin de bénéficier de l’ensemble des programmes d’échanges au sein de réseau PwC (au niveau mondial), qui permettent à nos meilleurs éléments de partir à l’étranger, les langues sont indispensables, au moins l’anglais. L’allemand peut aussi être très valorisé dans des pays comme le Luxembourg ou la Suisse. Il faut également ajouter que le travail en équipe étant omniprésent, il est nécessaire d’aimer travailler en équipe. La curiosité et l’envie d’apprendre sont également deux éléments très importants du fait de la nature même du secteur de l’Audit.

 

De votre point de vue, faire deux stages de césure en Audit est bien vu ou alors cela risque-t-il de nous enfermer dans une spirale ?

Non, cela n’est pas du tout bloquant, beaucoup d’étudiants viennent faire un ou deux stages chez nous pour ensuite s’orienter vers une carrière totalement différente. Pour autant je ne recommande pas de le faire, je considère, personnellement, qu’il est intéressant d’expérimenter de nombreux horizons et de bénéficier de la flexibilité des Programmes Grande Ecole pour découvrir des métiers différents avant de se lancer sur le marché du travail. Même si le fait de faire un stage en Audit est intéressant avant de commencer en audit car cela permet de prendre ses marques et de mieux connaître les attentes, il est tout de même très intéressant de découvrir de nombreux horizons car cela va parfaire la culture du candidat. Je prônerais ainsi plutôt la diversité dans les expériences pendant les parcours en école ! 

Lire plus : Le BIG 4 et l’audit

Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !