Et si j’entreprenais? n°3 – Que faire de l’échec?

Et si j’entreprenais? n°3 – Que faire de l’échec?

Ce troisième article de « et si j’entreprenais? » est un numéro spécial composé de sources académiques, TedX et de témoignages d’entrepreneurs lors de conférences sur l’échec entrepreneurial. Il sera illustré par le numéro 4 avec l’expérience d’Arthur Lothaire, co-fondateur de Plug’heur.

Bonne lecture!

Comment se relever d'un échec entrepreneurial?

« L’échec fait partie intégrante de l’aventure entrepreneuriale ». À titre d’illustration, l’INSEE a réalisé plusieurs statistiques qui révèlent que l’échec est une étape qui touchent beaucoup d’entreprises puisque selon elle, 25% des entreprises échoueraient dans les deux premières années de la création. Pour être plus complet, ce chiffre grimpe jusqu’à atteindre quasiment 50% (soit une entreprise créée sur deux) dans les cinq années suivant la création. En outre, pour ce qui est des start-ups, on parle de 80% d’échecs, ce qui est plus que déconcertant. Cette réalité au sujet de l’échec est difficile à accepter et laisse les entrepreneurs perplexes qui le voient comme une défaite. Vistaprint illustre parfaitement ce fait : selon son étude, 31% des entrepreneurs en France se nient à accepter l’échec contre 49% des entrepreneurs italiens ou encore, seulement 18% des Allemands.

A ce stade, comment définir l’échec ? En rapprochant ce terme à « entrepreneurial », s’agirait-il du fait pour une entreprise de ne pas remplir les objectifs préalablement fixés et ainsi, se heurter à un état inviable ? Le dictionnaire Larousse définit l’échec tel « un résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite » ou encore évoque « l’insuccès ». Quant à Wikipédia, on parle « [d’] état ou la condition qui fait que l’objectif désiré ou prévu n’est pas atteint, et peut être vu comme l’opposé de succès, mais cela peut aussi désigner un sentiment qui surgit lorsque l’on regrette quelque chose, au même titre que le regret. » « Dans son sens le plus général, un échec est une situation qui résulte d’une action n’ayant pas abouti au résultat escompté. » Considérons dès lors que « l’échec entrepreneurial » a déjà eu lieu d’être, l’enjeu est de savoir ce que l’on doit faire de l’échec mais également si l’échec entrepreneurial cause-t-il nécessairement la chute d’une entreprise ? en d’autres termes, l’entreprise est-elle vouée à « décéder » sous l’emprise de l’échec, ou, au contraire l’échec ne resserre-t-il pas les fondations de l’entreprise pour la faire éclore et grandir dans le succès ? Et c’est tout l’enjeu de ce que disait François Mitterrand dans Ma part de vérité lorsqu’il a énoncé : “La pire erreur n’est pas dans l’échec mais dans l’incapacité de dominer l’échec.” Si comme on l’a vu aussi précédemment avec les chiffres amenés par Vistaprint que l’échec constitue un véritable tabou et ce, particulièrement en France, pourquoi pas ne pas plutôt considérer l’axe suivant : celui que l’échec ne serait pas l’opposé de la réussite en tant que c’est justement celui-ci qui conduit à cette réussite. L’idée étant que l’on apprend de nos échecs pour pouvoir mieux rebondir et ainsi exploiter des pistes d’améliorations de l’entreprise actuelle en question ou bien songer à d’autres alternatives en termes d’avenir.

Ainsi, comment « ressusciter » après avoir vécu un échec entrepreneurial ?

I. La prise de conscience de l’échec et le devoir d’adopter une démarche introspective vis-à-vis de l’échec pour mieux amorcer le rebond.

 Au cœur de cette première partie, nous aborderons la conscience relative à l’échec et toute sa complexité en tant qu’il y demeure une frontière ambiguë entre le succès et l’échec (A) avant de rentrer dans une démarche introspective de l’échec (B).

  1. De la prise de conscience de l’échec….

La prise de conscience de l’échec entrepreneurial est un concept complexe. Avant d’amorcer sur ce sujet, il convient de comprendre la définition de ce dernier que nous avons défini préalablement dans l’introduction. Nous l’avions défini ainsi : « un résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite » ou encore évoque « l’insuccès » (définition de Larousse). Cependant, surgit une première problématique, à quel moment considérons-nous avoir atteint “l’insuccès” ? Il y a véritablement une limite temporelle qui se révèle à cette échelle de notre devoir. Si nous connaissons un temps de mauvaises performances puis, le mois suivant, nous performons positivement, pouvons-nous affirmer avoir connu l’échec ? Ces interrogations mettent en lumière la difficulté de prendre conscience de l’échec, sujet qui fut longtemps tabou notamment en France et qui a fait l’objet d’un article académique, soit Osciller entre succès et échec : la trajectoire d‘une startup innovante, Borris Golden, CEO de Pealk, 2013. Cet article pointe nettement du doigt notre première problématique qui fait que nous avons dû mal, en tant qu’entrepreneur, à situer notre trajectoire. Vers où se dirige l’entreprise ?  En effet, le passage suivant (extrait de l’article ci-dessus) ”une frontière entre le succès et l’échec reste longtemps ambiguë et incertaine » pointe à nouveau ce point important : la définition de la frontière de l’échec. Où cette dernière se situe-t-elle ? Autrement dit, à partir de quel stade je peux considérer avoir atteint la frontière de l’échec entrepreneurial ? A titre d’illustration concrète, l’aventure entrepreneuriale de Pealk (une start-up qui a développé une application permettant de cibler des profils particuliers sur les réseaux sociaux) a connu des phases de vertueuses et des périodes plus compliquées. Autrement dit, ils ont accumulé des pseudos succès et des pseudos échecs. La conscience d’un potentiel échec est très complexe à atteindre. Étant donné que la vision qu’un fondateur, lui-même, a sur son entreprise est subjective, il est difficile d’y voir clair. A titre d’illustration, « Il est toujours délicat de trouver le bon équilibre entre l’obstination à mener son projet jusqu’au bout et la capacité à “pivoter » résume parfaitement notre pensée. 

Souvent, il y avait à la fois un temps écoulé entre la prise de conscience de l’échec et l’échec lui-même mais également une frontière entre succès et succès qui peinait à être distinguable par les fondateurs de Pealk, ce qui a signé plusieurs échecs

Après avoir énoncé l’existence d’une frontière à l’échec concentrons notre attention sur le type de postures adoptées à son égard.

Dans l’article, « Le retour sur soi, condition du rebond après un échec entrepreneurial » publiée par Marie-Josée Bernard dans la revue Entreprendre et Innover, la prise de conscience de l’échec est étudiée à travers la méthode Interpretative Phenomenological Analysis développée par Smith and Cope. Ces derniers ont analysé l’interprétation de l’expérience de l’échec entrepreneurial de sept entrepreneurs qui ont vécu la liquidation de leur entreprise et plusieurs périodes entrepreneuriales. Nous nous appuierons sur cet article pour argumenter cette première partie.

L’échec est bien là. Mais comment est-il reçu ? Il est difficile de se confronter à la réalité de l’échec. Et pour cause, l’échec est vécu telle une expérience personnelle et profonde qui peut même être traumatique selon le contexte dans lequel l’échec a été expérimenté. Cela influera sur la facilité de maintenir l’optimisme nécessaire pour surmonter cette épreuve. En effet, cette épreuve a un coût financier et émotionnel et leur acceptation va conditionner l’apprentissage possible qui permettra de passer à une autre étape, celle de la reconstruction.

Pour commencer l’étape de reconstruction, il faut accepter les pertes, qu’elles soient financières, relationnelles, statutaires, de repères, …. Cela peut donc engendrer un choc physique et mental que les entrepreneurs peinent à surmonter. Ils adoptent souvent la stratégie de l’évitement et du refus. Ils tentent d’atténuer ce choc et ces pertes en minimisant l’échec et toutes ces conséquences. Ils se confortent dans le déni de peur d’annoncer la nouvelle aux collaborateurs, clients, familles, fournisseurs et réseau. Certains, à l’inverse, acceptent immédiatement la situation mais dans une logique opposée puisqu’ils vont accepter tous les états psychologiques qui peuvent survenir après l’échec tels que l’effet d’effondrement, la sidération ou encore l’infamie. Le fait de comprendre et savoir qu’il ressent ces émotions, l’entrepreneur est alors davantage en mesure de rebondir et faire preuve de résilience. De fait, se relever d’un échec requiert tout un processus comme le prouvent les travaux de Bernard et Dubard Barbosa sur la résilience entrepreneuriale. L’intelligence émotionnelle permet de retracer objectivement l’historique de l’échec et requiert la capacité d’innovation des entrepreneurs pour que ces derniers redonnent de la cohérence et du sens à leur vie actuelle. Cela intervient souvent a posteriori puisque le sens s’élabore au cours des épreuves vécues et qu’il faut du recul pour le percevoir. Une fois que l’entrepreneur aura compris qu’il vient de vivre une expérience qui l’a mis au défi, on peut considérer qu’il aura fait preuve de résilience s’il se comporte des trois manières suivantes. Sa réponse à l’échec se fait à travers des choix stratégiques qui s’adaptent aux circonstances environnantes. À cette flexibilité s’ajoute le sentiment d’un contrôle interne qui le pousse à réordonner ses actions. Enfin, il est ouvert aux opportunités tournées vers le futur. Cela prouve qu’il a de nouveau espoir en l’avenir et que le processus de résilience, c’est-à-dire l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques selon le Larousse, est engagé. Pour conclure, on peut échelonner ce processus de résilience en plusieurs étapes d’apprentissage pour transformer l’expérience de l’échec en un nouveau départ et transformer l’entrepreneur en une meilleure version de lui-même. La plus importante des étapes car souvent négligée ou inattendue est la réparation physique. Les entrepreneurs sont souvent surpris par le choc corporel dû à l’échec de leur entreprise. Il leur faut donc du repos et le soutien de leurs proches pour se rétablir. À ce titre, l’acceptation de leur fragilité et la nécessité d’un soutien est une étape également puisqu’il est toujours compliqué de dépasser son orgueil et d’admettre la liquidation de son entreprise. C’est à cette étape qu’interviennent les associations 60 000 rebonds ou Second Souffle pour aider à l’acceptation et la communication qui sont le début de la guérison. Il est ensuite nécessaire de traverser le processus de deuil qui est un processus dans le processus de résilience. En effet, Elizabeth Kübler-Ross explique que le deuil est la succession des sentiments suivants : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. La sortie de ce processus de deuil pour passer à l’étape suivante qui est retrouver l’estimer de soi est longue. L’acceptation requiert l’autocompassion. Or l’entrepreneur peine souvent à déculpabiliser et analyser objectivement sa part de responsabilité dans la liquidation de son entreprise. Arrêter de se dévaloriser et retrouver l’estime e soir permet alors de donner du sens à l’expérience et au processus qu’il est en train de vivre. Cela l’aide à se rétablir et retrouver un sentiment d’efficacité pour enfin pouvoir agir sur la réalité et aller de l’avant en reprenant le contrôle interne de sa vie. Après le choc de la décision, de l’annonce, de la mise en place de la procédure et de la liquidation effective, il est important de se concentrer à nouveau sur sa vie privée pour reprendre goût à la vie avec son entourage, sortir de nouveau à des évènements collectifs et pouvoir parler de son échec en toute lucidité. Cela permet ainsi de formuler de nouvelles priorités de vie et fonction de sa situation et ambitions personnelles et professionnelles. Une fois les priorités fixées, il est fondamental de se concentrer sur le présent et de faire un bilan de ses compétences et son parcours pour savoir se valoriser tout en ayant conscience de l’échec que l’entrepreneur vient de vivre. Enfin, le fait de communiquer sur les épreuves dont ce dernier a appris permet de sceller la prise de conscience et de s’en sentir grandi. C’est une opportunité de renaissance formidable bien que très douloureuse. Le face-à-face avec soi permet de se confronter à la réalité de l’échec et de ses conséquences sur la vie de l’entrepreneur. S’il accepte l’échec et décide d’entrer dans le long processus de résilience, alors la prise de conscience sera le déclencheur d’un apprentissage unique et à forte valeur ajoutée pour la suite de ses expériences entrepreneuriales.

2…à l’introspection : une étape clé pour la compréhension de l’échec.

Il est important d’identifier les facteurs qui ont mené à l’échec. Ces facteurs peuvent aller de la mauvaise préparation aux mauvaises décisions. Pour guider cette introspection, on peut chercher les leçons de Tom Eisenmann, professeur à la Harvard Business School, et auteur de Why startups fail (2021).

La faute d’un échec est généralement reportée sur les dirigeants par les regards extérieurs, et sur des conditions hors de leur contrôle par les dirigeants eux-mêmes. Mais au-delà de ces réflexes psychologiques visant à protéger sa propre estime de soi, il convient de regarder vers d’autres raisons, qui n’incombent ni aux compétences des dirigeants, ni à la conjoncture incontrôlable du marché, auxquelles imputent un grand nombre, voire la majorité, d’échecs d’entreprises. Tom Eisenmann identifie six facteurs comme responsables des plus nombreux échecs de startups.

  1. Bonne idée, mauvais protagonistes
  2. Le faux départ : Il peut arriver que des entrepreneurs, adeptes de la stratégie lean startup de « lancer vite souvent, échouer vite et reprendre », soient trop pressés de sortir un produit sans rechercher un marché et identifier les besoins des clients en premier lieu.  
  3. Optimisme déraisonnable
  4. Trop, trop vite
  5. Le lien entre conjoncture et fuite des cerveaux:

    Certaines startups cherchent à s’installer dans des marchés faisant face à une conjoncture défavorable, qui se caractérise par une fuite de cerveaux et une rareté d’investissement. Or, une startup a besoin d’engager vite des capitaux importants et des managers expérimentés qui, s’ils viennent à manquer, empêcheront la startup de se développer optimalement. 

  6. Des miracles en cascade : Certains projets sont simplement si ambitieux que le parcours vers le succès nécessite une succession de succès tous aussi difficiles à atteindre les uns que les autres : que ce soit encourager le public à essayer un tout nouveau produit, affronter des régulations prévues pour un marché obsolète, dégager un très large financement, etc…

II. La définition d’une nouvelle stratégie ainsi que sa mise en action

Au cœur de cette seconde partie, nous mettrons en lumière la définition de la nouvelle stratégie à adopter et ce, en corrigeant les manquements relatifs à l’échec (A) ainsi qu’en fixer notre intention sur le processus permettant de corriger les erreurs du passé mais aussi d’enclencher une nouvelle dynamique entrepreneuriale (B).

A. La correction des manquements relatifs à l’échec

Plusieurs étapes peuvent précéder un réengagement dans une dynamique entrepreneuriale. Ces étapes sont corrélées directement à la prise de conscience de son échec. C’est pour cela que les points identifiés comme source d’échec à un moment précis permettent de corriger indirectement et directement (en mettant en place des méthodologies d’action différentes par exemple) la voie dans laquelle s’oriente l’entreprise.

Ainsi, on suit les étapes suivantes :

  1. L’identification de nos actions : BACQ Sophie, dans « l’échec et le rebond », identifie l’introspection comme une condition indispensable pour développer une nouvelle idée, ou se réengager dans un projet.
  2.  “Surmonter les stigmates de la faillite d’entreprise” : Dans son rapport de 2007 intitulé « Surmonter les stigmates de la faillite d’entreprise – Pour une politique de la deuxième chance », la Commission européenne suggère à ses États membres de mettre en œuvre des mesures permettant aux entrepreneurs ayant connu l’échec de se relever et de retenter leur chance dans l’aventure entrepreneuriale. En Europe, il est considéré encore trop souvent que l’échec entrepreneurial n’est pas un fait normal. Or, tout comme la création de nouvelles entreprises, la disparition d’entreprises fait partie intégrante du processus de développement économique d’une région ou d’un pays. Pour que de nouvelles entreprises voient le jour, les moins performantes doivent quitter le marché. Ceci participe au processus continu de destruction créatrice évoqué par Schumpeter. Une expérience entrepreneuriale, même infructueuse, permet à des entrepreneurs de progresser. Certains d’entre eux voudront se relever pour retenter leur chance : c’est ce qui est appelé l’« entrepreneuriat de la seconde chance ». Dans ce cadre, la phrase de Soichiro Honda prend tout son sens : « Beaucoup rêvent de succès. À mon sens, le succès ne peut être atteint qu’après une succession d’échecs et d’introspections. En fait, le succès représente 1 % de votre travail qui comporte, lui, 99 % de ce qu’on peut appeler échec. »
  3.   Comprendre et agir : Mais une fois l’identification des potentielles causes de l’échec aboutie, il faut comprendre et agir de manière à pouvoir démarrer une autre aventure entrepreneuriale. Comment comprendre les sources de l’échec vécu ? Quelles sont ses sources ?  

Valentin RICHARD explique que la compréhension de son échec passe alors par la compréhension de 3 principes.

Le premier étant le fait de se détacher de cette vision parfaite de la création d’entreprise. Le second principe serait le fait de considérer qu’entreprendre ne se résume qu’au fait de prendre une série de décision. Ce qui nous amène au troisième principe : il n’y a que très peu de personnes qui prodiguent des bons conseils lorsqu’on est entrepreneur. Pourquoi ? Parce que le cercle proche de l’entrepreneur aura plus de facilité à dire ce que celui-ci préfèrera entendre que de dire réellement les faits. 

4. Réenclencher un processus, cela passe par des étapes cruciales :

la relance d’un processus de création, entrepreneurial ou intrepreneurial (se réengager dans une entreprise en tant que salarié peut aussi aboutir à un succès personnel) conditionne le succès au bout du chemin entrepris.

Bill Gross détermine une liste d’éléments indispensables pour pouvoir maximiser les chances d’aboutissement à un succès. Ces étapes seraient alors un passage obligatoire dans la relance d’un projet. Les voici : 

  • L’idée : Comment s’assurer que notre idée réponde à un besoin réel ? pourquoi cette idée pourrait-elle fonctionner, qu’elle est sa valeur ajoutée ?
  • L’équipe : L’exécution & L’adaptabilité. Pour illustrer ce dernier point, il s‘appuie sur une citation du boxeur Mike Tyson « everybody has a plan, until they get punched in the face ». Pour lui, elle s’adapte parfaitement pour illustrer le business. En effet, L’exécution de l’équipe serait « its ability to adapt getting punched in the face by the customer” (sa capacité à s’adapter en recevant un coup de poing en pleine figure de la part du client). 

Le business Model : L’entreprise a-t-elle une trajectoire très claire pour générer des revenus pour les clients ?

  • Funding 
  • Le timing. L’idée est-elle trop précoce et le monde n’est-il pas prêt pour cela  ?

B. La remise en route d’un projet

Enfin, il convient de compléter cette feuille de route hors de l’échec entrepreneurial avec le maximum de derniers conseils possibles de la part d’entrepreneurs expérimentés.

Ben Silbermann, CEO de Pinterest, souligne lui aussi l’importance de l’adaptabilité pour rebondir après des échecs, en mentionnant le grand rôle que jouent les facteurs incontrôlables dans le succès d’un projet : « Most people generalize whatever they did, and say that was the strategy that made it work. In reality, there’s very little way of knowing how various factors contributed to success or failure ».

Enfin, Borris Golden souligne l’importance de définir soi-même les critères de sa propre réussite. Pour certains, il s’agira d’un chiffre d’affaires d’une certaine envergure, pour d’autres il s’agira d’une notoriété spéciale. Il définit son succès comme la fierté d’avoir construit une entreprise pérenne malgré les difficultés, et invite tout entrepreneur à trouver son point d’arrivée avant de se lancer dans la course de l’entrepreneuriat. La leçon la plus importante à ses yeux est d’être conscient que l’entrepreneuriat est un chemin difficile et semé d’embuches, et que l’adaptabilité et la capacité à répondre aux limites rencontrées est la compétence qui fait le meilleur entrepreneur.

« La pire erreur n’est pas dans l’échec, mais dans l’incapacité de dominer l’échec. » (François Mitterrand, Ma part de vérité, 1986)

Le mot de la fin?

L’enjeu de cette réflexion consistait à donner des axes viables pour « ressusciter » après avoir fait l’expérience d’un échec entrepreneurial. Pour amorcer le rebond suite à cet échec, une condition première s’est imposée : la prise de conscience de l’échec. Si celle-ci s’est révélée n’être pas une mince affaire et ce, du fait de l’existence d’une frontière ambiguë entre le succès et l’insuccès, « l’échec » en d’autres termes, qui brouille cette conscience, une fois rendue intelligible, il a fallu amorcer par la suite une introspection vis-vis de l’échec. En ce sens, il est non négligeable de comprendre les facteurs causaux responsables de l’échec en question. Après cette identification, il est important de se recentrer sur soi, d’un point de vue psychologique, physique et moral avant d’amorcer une nouvelle stratégie sans trop attendre. Suite à un échec entrepreneurial, trois choix s’offrent : celui de redéfinir la stratégie de l’entreprise touchée en vue de la faire « ressusciter », « renaître » de ces cendres (1), celle de reconstruire un projet entrepreneurial inédit (2), et enfin, celle d’adopter le statut de salarié au sein d’une entreprise extérieure. Une fois ce choix effectué, nous avons dressé des conseils à la reconstruction de ses projets et défini la mise en place à adopter pour mieux rebondir suite à un échec entrepreneurial.