- ACTU ÉCOLES ÉCOLES D'INGÉNIEURS INTERVIEWS
- Lucille Vigneron
- 16 mai 2021
Création de Clermont-Auvergne INP : le président du Groupe nous en parle.
En Septembre 2021, une nouvelle classe préparatoire des INP ouvrira ses portes suite à la création de Clermont-Auvergne INP. Cette nouvelle fusion des écoles ISIMA, SIGMA et Polytech Clermont, constitue le 5ème INP du groupe INP, qui regroupe à présent 36 écoles d’ingénieurs autour d’une prépa commune. Nous avons interrogé Pascal Triboulot, nouveau président du groupe INP et Directeur de Lorraine INP, qui nous parle de la création de Clermont Auvergne INP.
Monsieur Triboulot, pouvez-vous vous présentez brièvement ?
Je suis professeur à l’université de lorraine depuis des années. J’ai également été directeur de l’ENSTIB pendant près de 15 ans. À présent, je suis directeur de Lorraine INP, et ce depuis 2017. Lorraine INP a été constitué lors de la fusion de quatre universités, dont l’institut National Polytechnique de Nancy qui regroupait déjà neuf écoles d’ingénieurs. Ce groupe compte ainsi 11 écoles d’ingénieurs couvrant l’ensemble des secteurs de l’ingénierie. Parmi ces écoles on compte notamment les mines de Nancy, l’école nationale supérieur de géologie ou encore l’ENSAIA, école nationale supérieure de l’agronomie et des industries alimentaires. Enfin, depuis novembre dernier, j’ai été élu président du groupe INP qui vient d’accueillir Clermont-Auvergne INP.
Comment INP Clermont s’est-il formé ?
L’université Clermont-Auvergne était en pleine reconfiguration depuis quelques mois. Une reconfiguration qui s’est concrétisée au 1er janvier dernier par la création d’une université expérimentale intégrant un INP . Celui-ci devenait alors le 5ème INP du groupe, s’ajoutant ainsi à l’INP de Grenoble, de Toulouse, de Bordeaux et de Lorraine.
Clermont- Auvergne INP résulte de la fusion entre trois écoles d’ingénieurs : ISIMA, école informatique qui offre une formation sur trois ans, l’école SIGMA Clermont-Ferrand qui forme des ingénieurs en chimie et mécanique, et Polytech Clermont qui renforce le groupe INP dans le domaine du génie civil, encore peu présent dans le groupe jusque-là.
Aujourd’hui, le groupe INP compte 36 écoles d’ingénieurs, 25000 élèves – ce qui représente près de 20% des étudiants ingénieurs de France – et 7000 diplômés chaque année. Le groupe INP est désormais présent, en formation initiale ou en apprentissage, dans tous les domaines de l’ingénierie que ce soit en chimie, mécanique, génie industriel, agroalimentaire… Si ce groupe reste discret en France , il y joue un rôle essentiel et le taux d’insertion de ses élèves est très bon.
Pourquoi avoir créé Clermont-Auvergne INP ? Qu’attendez-vous de ce groupe ?
Au sein du groupe INP, une partie du recrutement se fait au niveau Bac avec une prépa intégrée, une autre partie après une classe préparatoire, mais la particularité du groupe, une partie de son ADN, c’est la Prépa des INP. C’est un cycle préparatoire des INP qui s’appuie sur le contrôle continu, fortement accompagné, et qui offre aux étudiants la quasi-certitude d’intégrer une école en phase avec leurs intentions professionnelles. En fonction du classement obtenu à l’issue des deux années, les élèves sont répartis entre les différentes écoles du groupe INP. C’est l’objectif du groupe INP : offrir aux étudiants la possibilité d’entrer dans une classe préparatoire commune à toutes les écoles du groupe INP, un cursus sélectif mais plus serein, sans la pression d’une prépa classique. C’est également une des seules classes préparatoires à offrir la possibilité d’effectuer un stage au cours de ces deux années.
Récemment, nous avons ouvert une prépa des INP en Guadeloupe, qui s’ajoute à la prépa INP de la Réunion. Notre objectif est d’attirer un maximum de jeunes de tout l’espace caraïbe de culture française. Nous visons désormais l’ouverture du dispositif préparatoire des INP sur le national, pas encore présent sur l’ensemble du territoire, et à l’international.
Des liens soutenus avec les autres INP, et comment ?
Les écoles du groupe INP maintiennent un lien fort notamment parce qu’un des objectifs du groupe est de proposer aux étudiants des parcours ingénieurs propres à chacun. S’ils ont chacun une spécialité forte, spécifique de leur école de formation, ils peuvent acquérir de nombreuses compétences qui n’existent pas forcément dans l’école mais dans les autres écoles du groupe. Ainsi, dans le cadre de suppléments au diplôme par exemple, un élève de l’ENSTIB peut chercher des compétences à Polytech Nancy ou même réaliser un semestre dans une autre école du groupe. Ce lien fort entre les écoles du groupe INP favorise la création de parcours ingénieurs diversifiés.
La région soutient-elle une telle entreprise ?
Oui je pense que c’est le cas. Les régions ont, aujourd’hui, compris que le développement économique et industriel passe par des ingénieurs formés et employés dans la région. Par exemple, à Lorraine INP, le projet Urbanloop qui consiste à repenser les transports urbains et à utiliser l’intelligence artificielle pour régler les problèmes de circulation, a été largement soutenu financièrement par la région. Pour Clermont-Auvergne INP, je suppose que c’est la même chose, les régions ont intérêt à soutenir les INP. Il est plus facile pour eux de traiter avec une tête unique plutôt que plusieurs écoles. Les dispositifs INP favorisent globalement la dynamique des projets.
A l’image de Central qui a fusionné et subit des changements internes, avez-vous rencontré des difficultés pour la mise en place de cette fusion ?
Non, la fusion n’a pas posé de difficultés. Nous ne parlons d’ailleurs pas de fusion. On ne fait pas disparaitre le nom même de l’école, chaque école garde son nom, c’est simplement une alliance, une fédération. On se base sur l’idée que collectivement on est plus fort, alors non, il n’y a pas eu de résistances.
Comment va s’organiser le recrutement dorénavant pour les écoles qui ont rejoint l’alliance ?
Dès cette année, le groupe INP a prévu d’attribuer des places à Sigma, ISIMA et Polytech Clermont et, dès septembre prochain, ouvrira la prépa de Clermont-Auvergne INP. Les écoles du groupe Clermont INP ouvriront donc leur recrutement aux prépas des INP.
Internationalement parlant, pensez-vous que ce regroupement peut vous permettre de vous démarquer dans les classements ?
Personnellement, je ne suis pas un obsessionnel des classements. Je considère que les classements ne reflètent pas le plus important : la satisfaction des étudiants à la sortie de l’école, au sein de leur premier emploi. Ce serait un meilleur indicateur pour un classement des écoles d’ingénieurs.
Concernant le classement, il y a quelques années, Lorraine INP avait envoyé ses résultats de façon collective et avait été classé 2ème du palmarès général, avant même Polytechnique. L’année suivant, l’Usine Nouvelle a annoncé qu’on devait repasser à un classement individuel des écoles. L’intégration de Clermont INP ne changera donc pas les classements.